vendredi 19 septembre 2008

Dentelles, dit-elle


Ouverture du coffre,
Silence de morgue.
Peu d'air, si peu...
Pas un courant,
Pas un pleurant,
Pas un offrant.
Choc des breloques,
Raideur métallique
Des corps vides
Qui quincaillent
Et braillent
Et brillent
Si peu.
Parmi eux se faufilent,
Silence,
Légères danses de fils,
Muettes,
Dentelles,
Demoiselles
Farouches,
Invitées, mais pourquoi,
Parmi ces corps glacés ?

Conservées si longtemps, ces toiles savamment trouées
Parlent de patience et de science des points
Qui conduisent les fils vers une certaine fin.
Travail de Parques piquant et tramant le tissu...
Allégories.
Elles murmurent aussi des mots de réconciliation.

Ce lin troué me rappelle le texte troué,
celui de la Bible qui se présente comme une barrière de mots que chacun doit évider pour y trouver un sens.
Ce travail de Normandes sur leurs fils rejoint celui des rabbins sur leur texte, celui des orfèvres sur leurs métaux.
Et voilà recousus, à coups d'aiguilles et de stylets, les deux pans de ma famille paternelle si longtemps déchirés...
Raccommodés !

Elles avaient bien leur place dans ce coffre, ces dentelles, se dit-elle...