Laure Ketfa me demande de présenter ses toiles tissées dans l'expérience, banale et toujours unique, de la maternité. Elles sont nourries de cette vie nouvelle qui s'est incorporée à la sienne, et l'a décuplée. Avec le bébé qui croît en elle, puis hors d'elle, sa vie se développe dans un nouveau temps et un nouvel espace, l'appelant vers l'inconnu, vers l'origine et ses mystères, vers l'avenir et ses questions. À ces interrogations immenses, Laure ose répondre à sa façon bien à elle, force et fragilité mêlées, matériaux collectés et collés, dessin maîtrisé, couleurs libérées, peinture intense qui nous invite à la poésie. On ne refuse pas une telle invitation !
Tête penchée sur les pensées poussées
Sur les pensées passées, l'oeil est passé
De l'une à l'autre. La mère s'efface
Et prend sa place l'enfant fouillant.
L'enfant fait face.
Fracas du temps fondu...
Dessine-moi, disait-elle sans trêve,
Dessine-moi l'oiseau si haut
L'oiseau des airs
Et chante-moi l'air des oiseaux.
Silence...
Où sont les mots ?
Les mots moutons
En troupeaux piétinent ma planète...
Dessine-moi plutôt
Le mouton que voilà
Son blanc silence
Et sa présence.
Destine-moi !
Voilà les mots en moi appelés par la douceur de ces tableaux aux couleurs fortes. Un arrachement vers le bonheur.
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