jeudi 29 janvier 2009

Fiévreux février

Quand février approche,
lorsque le long janvier s'efface,
une fièvre me prend de lumière,
mon oeil ravi
se dilate et se délecte
de ce jour reconquis,
après la longue quête,
et de sa garantie de grandir et grandir
pour de longs mois,
de revivre
et rouvrir les fenêtres.
Renaître et reconnaître
le bonheur du jour...

mardi 27 janvier 2009

Vite rose

Il y avait le rouge
Insolent
Il y avait le blanc
Si lent.

Ils osent
Le mélange doux
Douceâtre
Mièvre mélange.

Sirop
Si rose
Fade femme
Fardée.

Ce rose
Irise
Le flux d'ombres...

samedi 17 janvier 2009

L'intellectuel


Ta vie frustrée d'enchantements, de variété,
sans goût de l'aventure, sans espace,
sans rien de spontané.
Quelles crampes donnent tes formules,
tes notions, tes jugements
avides de tout condenser, vides de ce qu'ils condensent.

Surtout ne brise pas mes défenses, heureux qui en a;
toutes les routes de l'homme vont dans le sens de la pensée.

Karol Wojtyla.

mardi 13 janvier 2009

Ronce Hard


Que de choses pas roses
Pas mignonne
Allons voir si la

Faisons comme si
Cette robe au soleil
A point perdu

Pourpre et vermeille
L'éclat
Flaque de laque

D'un flot d'encre giclant
S'écoulant
Languissant

En signes illisibles
Rouges sur noir
Sur la feuille de goudron

Imperméable
Interminable
Insensible aux saisons

En signes plus chinois
Cryptés narquois
Que les plus effacés

Des plus vieux manuscrits
Lus par un érudit
Sans jamais se lasser

Ton encre sympathique
A coulé dans mes larmes
Noyées, brûlant comme un acide

Le goudron de mon âme
Recouvrant feuille à feuille
Ton éclat au mien non pareil

lundi 12 janvier 2009

Sceptre et pinceau

Aujourd'hui, ce sont ces phrases de Yourcenar , extraites de Comment Wang Fô fut sauvé, une de ses Nouvelles Orientales, qui se fraient un passage le long des corridors de ma mémoire, en éclairant quelques recoins douloureux...
Où s'explique le crime d'innocence, peut-être ?

"Tu me demandes ce que tu m'as fait, vieux Wang Fô ?
Eh bien, je vais te le dire , mais comme le venin d'autrui ne peut se glisser en nous que par nos neuf ouvertures, je dois d'abord te promener le long des corridors de ma mémoire...Tu m'as menti, Wang Fo, vieil imposteur. Le monde n'est qu'un amas de taches confuses jetées sur le vide par un peintre insensé, sans cesse effacées par nos larmes. Le seul empire sur lequel il vaille la peine de régner est celui où tu pénètres, vieux Wang Fo, par le chemin des mille courbes et des dix mille couleurs. Toi seul règne en paix sur des montagnes couvertes d'une neige qui ne peut fondre et sur des champs de narcisses qui ne peuvent pas mourir(...) Pour t'enfermer dans le seul cachot dont tu ne puisses sortir, j'ai décidé qu'on te crèverait les yeux, puisque tes yeux sont les deux portes magiques qui t'ouvrent ton royaume. Et comme tes mains sont les deux routes aux dix embranchements qui te mènent au coeur de ton empire, j'ai décidé qu'on te couperait les mains... Voilà le châtiment que je t'ai réservé, à toi dont les sortilèges m'ont dégoûté de ce que je possède, et donné le désir de ce que je ne posséderai pas..."

dimanche 11 janvier 2009

Froid aux mains...

"Froid aux mains, chaud au coeur !", était une expression favorite de ma grand-mère, dont je trouvais toujours les mains gelées, avec mon ardeur enfantine.
J'y repense ces jours-ci car, de nos mains froides, engourdies, un flot de vie jaillit, comme une giclée d'énergie d'autant plus forte qu'elle a traversé la torpeur de notre corps glacé...
Me vient alors une autre phrase, de Jean Paul II, celle-ci : 'Les mains sont le paysage du coeur"
Ci-dessus donc, mon paysage du jour...

samedi 10 janvier 2009

Bonjour, Verlaine !

"Je suis venu, pauvre orphelin, riche de mes seuls yeux tranquilles,
Vers les hommes des grandes villes.
Ils ne m'ont pas trouvé beau..."



Il ya des matins, comme cela.
Tout, dehors, est gelé.
Au fond de soi, un bloc rouge et glacé.
Un peu de thé,
Et le corps se réchauffe...
Le coeur a froid encore,
Lorsque, tout bas, un vers vivace
Lui verse une tasse de mots brûlants
Qui tintent
En lui
Qui teintent
La nuit
...
Aujourd'hui, c'était Verlaine.
Merci, Paul !

jeudi 8 janvier 2009

Recette de voeux en neige


Prendre ce que je veux
Ce qui dort bien au fond
Bien touiller et remuer


Rappeler tous mes rêves
Espérer qu'ils grandissent
Et se glissent,

Et me hissent,
Silencieux géants,
Sur la route

Sans doute...

Réveil clignotant



Lumière éteinte
Sur l'écran d'une porte bête
Se dessine le hêtre
D'ombre

Lumière ouverte
Lisse paroi de porte blanche
Et bête
Étanche

Lumière éteinte
Dessin de branches
Entrelacs et combats
Transparence

Lumière ouverte
La porte épaisse
S'ouvre
Au présent

Lumière éteinte
La paroi
Porte
Une Présence

Feu et cendres

Dans les décombres
Dont on s'encombre
Rôdent les ombres

On patauge et tâtonne
Dans les strates étagées
Par ces vies égarées

Géologie des ces jours pétrifiés
Cailloutis
Débris

De vies...