mardi 21 octobre 2008

autoportrait d'automne


Fruité chargé gorgé
Des pluies d'hiver
Des pluies d'été
De printemps
De maintenant

Chargé fruité gorgé
Des soleils rares
Et pour cela aimés
D'autant plus

Gorgé fruité chargé
Juteux
Nourri de tant
D'expériences

Ouvert offert
Prêt à presser
Sans se presser
Chargé gorgé fruité

vendredi 19 septembre 2008

Dentelles, dit-elle


Ouverture du coffre,
Silence de morgue.
Peu d'air, si peu...
Pas un courant,
Pas un pleurant,
Pas un offrant.
Choc des breloques,
Raideur métallique
Des corps vides
Qui quincaillent
Et braillent
Et brillent
Si peu.
Parmi eux se faufilent,
Silence,
Légères danses de fils,
Muettes,
Dentelles,
Demoiselles
Farouches,
Invitées, mais pourquoi,
Parmi ces corps glacés ?

Conservées si longtemps, ces toiles savamment trouées
Parlent de patience et de science des points
Qui conduisent les fils vers une certaine fin.
Travail de Parques piquant et tramant le tissu...
Allégories.
Elles murmurent aussi des mots de réconciliation.

Ce lin troué me rappelle le texte troué,
celui de la Bible qui se présente comme une barrière de mots que chacun doit évider pour y trouver un sens.
Ce travail de Normandes sur leurs fils rejoint celui des rabbins sur leur texte, celui des orfèvres sur leurs métaux.
Et voilà recousus, à coups d'aiguilles et de stylets, les deux pans de ma famille paternelle si longtemps déchirés...
Raccommodés !

Elles avaient bien leur place dans ce coffre, ces dentelles, se dit-elle...

mardi 20 mai 2008

Sous les uniformes aussi, il y a des visages...



Robes noires
Blouses blanches
Droit et science
Vengeance

Ils sont là
Rangés comme des soldats
Aux petits soins
Sans nul besoin

Casqués armés
Bardés de certitudes
Refusent la finitude
Droit de vie - de quelle vie ?

Ils ont mis hors-la-loi
La mort, de quel droit ?
Le cadavre, ils l'offrent en sacrifice,
Parfois jusqu'au supplice...

Prêtres aveugles de la déesse Médecine,
Vous récitez en vain la longue litanie
De vos piètres prières qui ne consolent
Qui se désole de voir l'homme réduit

En sujet, jouet, muet, manipulé
Et puis jeté.

mardi 13 mai 2008

Car telle...


Le temps s'arrête au cadran
car telle est la loi.
Le cartel perché
se tient coi.
Quarante-trois ans de ce décor
ni chaud ni froid.
Imperturbable
et immuable
c'était toi.

jeudi 8 mai 2008

Floraison

Il y a l'éclosion des fleurs
Indifférentes
L'explosion des peurs
Si différentes

Il y a la blancheur
Et les aigreurs
Aigres heures
Loin des splendeurs

De la Nature toute-puissante...

vendredi 18 avril 2008

Beaubourg- beau jour



L'étonnement, toujours, de voir tant de gens se presser et décompresser sur ce parvis pavé coulant comme un torrent vers le bleu et le rouge du paquebot à jamais amarré, pour toujours atterri, un peu ahuri !..
Ce bâtiment tonitruant, nouvelle cathédrale, lieu du culte moderne rendu à ces dieux vivants, les artistes, rassemble les badauds, et permet à chacun de retrouver l'origine de la ville, la convivialité, la liberté...
Beaubourg, belle ville !
Beau jour d'avril, un chanteur au visage rond et rigolard sous sa casquette blanche, s'accompagne à la guitare. Il nous régale de chansons des Beatles et d'un tas d'autres, pendant plus d'une heure, réussissant à dégeler les spectateurs, à faire chanter des lycéens timides... Infatigable et joyeux, il fait de cette heure un bonheur.
Un beau cadeau du vieux Pompidou, ce drôle de jouet plein de tuyaux !

Empotés

Comme des insectes s'activant, arpentant, disséquant, farfouillant, diluant les couleurs qui chantent et enchantent, nous fragmentons la terre en pots qui nous emportent,
empotés emportés !

mercredi 26 mars 2008

Guillaume pour Guillaume

Sous le pont,
coule...
Mirabeau tonne et tonitrue
De l'audace, encore et toujours, sur la scène
De l'Histoire.
Pour le meilleur et pour le pire,
Soupir...
Liés sans cérémonie,
Sans choix,
Pas de mairie,
Pas de oui.
Pas de rencontre.
Le hasard des gènes unit sans gêne
Des êtres parents apparemment,
Profondément,
Sans divorce possible,
Sans porte de sortie,
Même si, désassortis,
Ils se séparent quelque part,
Au hasard de la vie.
Si l'envie s'empare de l'un, de l'autre,
De tenter l'oubli...
Dans les veines coulent les vieilles peines,
Viennent l'ennui et le malheur,
Les jours s'en vont, je suis soeur...

jeudi 20 mars 2008

Expo de printemps

Coucou ! Karine a rouvert son salon de coiffure, et me voilà de nouveau sur ses murs, route de Gerberoy, à Ferrières, au Temps de l'Homme, pour une expo de printemps renversante ! À bientôt !

mardi 11 mars 2008

Tour d'ateliers


Aragon disait qu'un atelier représentait le cerveau de l'artiste qui l'occupait.
Tour d'ateliers, tour d'amitiés.
C'est ce qu'offrent le groupe d'amies peintres auquel j'ai la chance de me joindre régulièrement, une fois par mois, ou presque.
Retrouvailles après les semaines de solitude,
Chaleur après les froids,
Bruissement des voix plus sensible après les longs silences,
Sourires et regards, portes sur l'autre...
Au coude à coude, se mettre au travail dans ce lieu si différent.
Certaines se perchent au sommet de leur maison, y cherchant la lumière, la distance, au dessus de l'ordre quotidien ; effort pour s'abstraire par le haut, pensée longuement mûrie...
D'autres se cachent dans les recoins, non loin de la vie du foyer, soucieuses de ne pas lâcher le navire, même quand les prend au ventre l'envie de créer ;
il y en a qui descendent dans les garages, ces ports de la maison où l'on accoste avant de partir.Un pied dedans, un pied dehors. Point de moteur pétaradant ici : l'évasion silencieuse se fait à la pointe du pinceau, et nous emporte en pays coloré, sans guide, sans délais ;
celles dont l'atelier prolongent leur chambre travaillent dans les replis secrets de leur intimité traversée tout-à-coup de larges traits brûlants comme des moments d'amour : du drap du lit à la toile sur châssis, le même élan circule, irradiant la vie. Emotions, sensations.
Que dire de celle dont la cabane depuis peu éclairée se réchauffe lentement au prix d'un feu de bois veillé avec soin ? Comme une nouvelle naissance quotidienne, ce coeur rouge redonne vie au caveau où se bousculent avec indiscipline les flacons de pigments, les bouteilles d'encre, les tubes tordus, les papiers et les toiles. Dans ce chaos des origines, elle cherche son langage d'avant les mots, celui qui dira tout. Pendant ce temps, les araignées filent leurs toiles avec un art opiniâtre, le feu siffle et vibre... Il y a longtemps, longtemps, elle a écrit un mémoire sur le symbolisme de la caverne dans la Grèce ancienne. Hasard, vous avez dit hasard ?...

mercredi 27 février 2008

Expo au Resto

Une bonne adresse à Gournay, ce jeune restaurant situé 4, rue Charles De Gaulle, entre la porte de Paris et la place Nationale (0235900020). Étienne Courtel, le patron, m'a invitée à y exposer une quinzaine de tableaux. Comme le dit l'affiche, toujours inspirée du poème de Francis Ponge "Les rois ne touchent pas aux portes. Ils ne connaissent pas ce plaisir. Le bonheur
d'empoigner au ventre par son noeud de porcelaine l'un de ces hauts obstacles d'une pièce..."
Ne faites pas comme les rois. Poussez la porte, tout simplement, il y a à voir et à manger !

mardi 26 février 2008

pélérinage


Les vacances sont finies, celles de février, peut-être mes préférées, pleines de discrètes promesses. La lumière s'y fait jour, délicieuse, redonnant à chaque heure une chance de s'allonger. Nous savons que le lendemain en sera plus riche encore, et que la réserve est immense, qui se révélera progressivement, coquettement, jusqu'au mois de juin... Nous avons le temps !
Quand le soleil se montre, il est éblouissant, réchauffant, aimant. Lorsqu'il reste caché, nous savons qu'il ne tardera pas à revenir nous prendre à ses rayons.
Ce mois de février, dont on n'attend pas grand chose a priori, est peut-être le plus généreux en bonnes surprises, comme l'humble apôtre qu'on oublie de citer.
Parmi celles, nombreuses, de ces vacances, ce pélerinage dans un lieu fréquenté assidûment autrefois, au temps d'une certaine insouciance fraternelle, d'une confiance irréelle. Quai Anatole France, au fond d'une arrière-cour, à l'abri des somptuosités d'un grand immeuble aristocratique, rien n'a changé. Même le vélo qui traîne semble être celui d'autrefois, fièrement chevauché par celui qui eut tort de l'oublier !

"Les rois ne touchent pas aux portes"


C'est le début d'un poème de Francis Ponge, Les Plaisirs de la Porte, que j'aime particulièrement.
Qui ne s'est senti, un jour ou l'autre, mis à la porte ? C'est-à-dire invité à franchir un seuil le séparant d'un intérieur aimé ?
Naissances renouvelées dans l'arrachement.
Grincements pénibles...
Les rois ne s'y exposent pas.
Roi, celui qui a organisé ses certitudes.
Roi-loi juché sur le bloc de décrets formant trône ,
le hissant au-dessus du commun,
le calfeutrant au sein de l'habitude.
Les portes qui l'entourent ne sont plus que trompe-l'oeil, on s'y cognerait en voulant les ouvrir.
Parties du décor ouvrant sur d'autres salles pareillement fossiles.
Gonds grognant sans charnières.
Poignées décharnées que l'on ne peut attraper.
Poignantes poignées sans matière.
Portes perdues
Clefs oubliées hier...

vendredi 25 janvier 2008

Années Noires, Armes Blanches

Hier, visite de l'exposition : Allemagne, années noires... au musée Maillol.

Cette impression de gâchis, de hachis, de boucherie, devant les oeuvres d'Otto Dix, de Georges Grosz, et de quelques autres, devant ces hachures, ces gravures, ces bavures d'encre et d'acide. Lutte à armes inégales : le poids du plomb contre la plume libre, les pieds de plomb contre les yeux de verre, mais toujours, tac-au-tac, l'oeil qui refuse de se fermer, la main qui tire le trait lâché droit, sans trembler... L'encre s'alourdit de la poussière de la tranchée. Nul besoin de la diluer. Épaisse comme le sang répandu, elle marque, imprime, tache, le papier trouvé par miracle au fond du sac, planche impalpable de salut, mouchoir séchant les larmes, mouchard enregistrant, docile, les visions ulcérantes. Violence surhumaine, fatigue inhumaine, l'homme vous guette de son oeil acéré, de sa main devenue ferme à la plume comme elle l'est au canon, de tout son moi durci pour tout voir, de son coeur cuirassé au charnier... Ces moments arrachés à l'horreur, longuement ressassés années après années, bruissent sans cesse en eux, les peintres survivants, comme ont dû s'insinuer dans le silence de l'atelier les échos morts des explosions, les cris sans vie des agonies... Manu militari, en pleine paix, Dix a prolongé, dans une série de gravures affollantes, sa guerre à la guerre, sa guerre au mensonge, en plongeant, héroïque, au fond de ses cauchemars, en vivant éveillé, refusant toute anesthésésie. Il a mené, presque seul, une guerre de Cent Ans dont il est bien vainqueur, plus que jamais vivant quand le dernier poilu est prêt d'être enterré... avec les honneurs, il est vrai !
Étourdie par ce vacarme muet, par ces effluves de violence, par ce combat des armes noires et blanches, à quelques rues de là, je rencontre le rescapé d'une guerre sans histoire, robotisé, bousillé, revenant d'une nuit que nul n'aura saisie d'un crayon héroïque, dont nul ne nous dit rien... Ce survivant à la frontière, c'est mon frère.
Années blanches, années noires. Sang noir, voix blanche.

mardi 22 janvier 2008

Echanges de saisons

Adapter Le Songe d'une Nuit d'Été en pleine nuit d'hiver, c'est s'offrir, à la suite de Shakespeare, la clé des champs : il faut, alors que le jour se fraye un chemin difficile entre 9h et 17h, se figurer les interminables soirées où le soleil fait durer sa rouge caresse jusqu'à 22h, où il s'ébroue encore coquettement en éclats violets jusqu'à près de 23h... Tandis que je me sens des envies d'hiberner, je dois prêter aux personnages l'impatience de voir la nuit enfin tombée, car ils attendent son voile pour s'aimer en paix après des noces burlesques et champêtres à la fois ! et libre aux spectateurs de deviner le peu de goût de ces amants pour le lever de rideau en fanfare que le soleil, décidément bien éveillé en ce solstice de juin, leur prépare pour 5h...
On se prend à savourer la nuit d'hiver et son repos forcé, et peut-être à comprendre pourquoi les noces royales qu'on nous annonce à grand tapage, seront célébrées en hiver ! A quand Carla Bruni en héroïne du Songe d'une Nuit d'Hiver ?...

mardi 15 janvier 2008

Aux racines de l'écrit



Travaillant sur les origines de l'écriture, sur le caractère sacré des signes qui permirent et permettent aux hommes de donner à leurs paroles et à leurs pensées un ancrage durable, bien avant l'utilisation de l'encre pour ce faire, je me suis exercée à mêler l'élan d'une écriture cursive inversée, et celui d'une gestuelle de couleurs. Voilà donc, méconnaissables, il faut bien le dire, des passages de La Nuit de Décembre de Musset. Si les mots sont illisibles, et pour cause, le rythme, les éclats, les atonies, les ondulations et la vie me semblent jaillir de ces pages avec un lumineux enthousiasme...

mercredi 9 janvier 2008

Mine de rien


Mine de rien,
la nuit cache d'étranges pépites.
Si l'on creuse, forage après forage,
ses grandes veines horizontales, d'étonnants gisements se font
jour.
Minuit, mineurs endormis, notre esprit vagabond ratisse les ferrailles rouillées dans les flaques d'oubli...
Minuit, mineurs éveillés évoquent vivement des parcelles parsemées de passé...
Dis, amant, la nuit est-elle mine de rien ?

Main droite, suite

De 2007 à 2008, j'ai fait un grand progrès. L'absence de gant droit dans ma garde-robe me perturbait avant Noël. La première plaque de verglas qui s'est présentée début janvier m'a fourni une solution radicale à ce grave problème : glissade, rattrapage malheureux sur la main droite, et luxation du majeur désormais prisonnier d'une attelle et d'un bandage qui rendent inutile la possession d'un gant droit pour une bonne dizaine de jours !
Questionne-toi, le ciel te répondra...

Envier janvier



Curieux mois que celui de janvier, premier de l'année et bien souvent dernier dans nos mémoires... Mois des nuits qui se traînent, pesantes, engourdissantes... Mois de grisaille et de froid... Long mois sans autre perspective qu'un autre mois de froid, février enfiévré de ski, éclairé parfois de vacances tropicales pour abréger l'hiver. Mois d'avant-goût, en quelque sorte.
Janvier pourtant nous réserve des surprises. Voyez ces images qui témoignent de la paresse du jour à se lever : janvier nouveau-né installé dans son long sommeil s'éclaire parfois d'un sourire qu'on apprécie d'autant plus que rien ne l'annonçait!
On pense alors aux vers d'Aragon : "Le jour a les couleurs que lui donnent mes mains... Tout ce qu'enfle un soupir dans ma chambre est voilure..."
Janvier, mois de liberté entre deux vacances ?

lundi 7 janvier 2008

Rentrée


Ce 7 janvier, jour de rentrée. Reprise de la routine. Le ciel l'adoucit par sa forte lumière, par son souffle qui balaie le ciel à grands traits. Tant de jours gris nous attendent en janvier, où les couleurs des fêtes récentes prennent tout leur sens. Cadeau inespéré que ce soleil éclatant, déballé fraîchement de son enveloppe de nuit agglutinante...