lundi 12 janvier 2009

Sceptre et pinceau

Aujourd'hui, ce sont ces phrases de Yourcenar , extraites de Comment Wang Fô fut sauvé, une de ses Nouvelles Orientales, qui se fraient un passage le long des corridors de ma mémoire, en éclairant quelques recoins douloureux...
Où s'explique le crime d'innocence, peut-être ?

"Tu me demandes ce que tu m'as fait, vieux Wang Fô ?
Eh bien, je vais te le dire , mais comme le venin d'autrui ne peut se glisser en nous que par nos neuf ouvertures, je dois d'abord te promener le long des corridors de ma mémoire...Tu m'as menti, Wang Fo, vieil imposteur. Le monde n'est qu'un amas de taches confuses jetées sur le vide par un peintre insensé, sans cesse effacées par nos larmes. Le seul empire sur lequel il vaille la peine de régner est celui où tu pénètres, vieux Wang Fo, par le chemin des mille courbes et des dix mille couleurs. Toi seul règne en paix sur des montagnes couvertes d'une neige qui ne peut fondre et sur des champs de narcisses qui ne peuvent pas mourir(...) Pour t'enfermer dans le seul cachot dont tu ne puisses sortir, j'ai décidé qu'on te crèverait les yeux, puisque tes yeux sont les deux portes magiques qui t'ouvrent ton royaume. Et comme tes mains sont les deux routes aux dix embranchements qui te mènent au coeur de ton empire, j'ai décidé qu'on te couperait les mains... Voilà le châtiment que je t'ai réservé, à toi dont les sortilèges m'ont dégoûté de ce que je possède, et donné le désir de ce que je ne posséderai pas..."

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