lundi 23 août 2010

Vacances immobiles 19

Il faut toujours une exception pour confirmer la règle, nous disait-on en classe de grammaire.

Je n'ai jamais compris ce que cela voulait dire.

J'applique quand même bêtement ce vieux précepte.

Aujourd'hui, donc, l'heure du transat sonna dans le train Paris-Gisors.

A la toile bleue à laquelle je m'étais habituée, tout simplement tendue sur quelques bouts de bois, fit place un velours de même couleur, coulé dans un moule de plastique.
Différence de taille avec mon sujet habituel : au lieu de trôner seul dans sa clairière, celui-là s'alignait gentiment dans des rangées ordonnées et vides ; marche par deux, marche par trois, face-à-face, dos-à-dos. Il y a du militaire dans son uniforme comme dans sa position.

Immobile et pourtant en marche. Insensible au paysage qui défile.

Aujourd'hui vide et demain convoité par quantité de voyageurs impatients,

il ne s'étonne de rien.

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